Quentin LGD : s’inscrire dans la continuitéSuite à l'annonce de la reprise d'activité de la Quentin Film, nous avons rencontré l'homme à l'origine de ce renouveau, le discret Quentin LGD. Avec lui nous avons abordé sans langue de bois des sujets les plus banals aux plus sensibles. Il en profite pour nous présenter la future équipe dirigeante et nous livre ses nouvelles attentes. Enfin nous reviendrons avec lui sur l'opportunité d'avoir signé le très controversé Ralphaez. | C.M. : Quentin LGD, pourquoi choisir de revenir après une longue absence ? Q.L. : Vous savez, il est difficile de vivre sans le cinéma pour quelqu’un comme moi. C’est tout d’abord une passion. Ensuite, je reconnais que je pensais depuis déjà quelques mois à un retour de la Quentin Film sur le devant de la scène. |
Cependant, il est difficile de relancer une structure comme celle-là. La Quentin Film a depuis environ fin 2016 une activité insignifiante : un seul film a été produit sur la période 2017 – 2019 (
A.F. écrit par André Cavendish, NdlR). Je ne suis pas vraiment parti d’un coup fin 2016, plus par manque d’intérêt au fur et à mesure des semaines qui passaient. Je ne voyais plus de but à me lever le matin pour aller bosser, je ne trouvais plus de plaisir dans la conception de film, dans la gestion de la Quentin Film.
J’ai donc décidé de changer d’air et de signer à l’ATP, malheureusement je n’ai pu écrire qu’un film pendant la durée de mon contrat.
Depuis mi-2019, l’envie de reprendre m’intéresse et le fait de pouvoir relancer la machine avec
Ralphaez m’a vraiment donné un coup de boost et nous voilà aujourd’hui de retour, pour longtemps j’espère.
C.M. : Vous êtes quelqu'un de très discret, pourquoi ce recul par rapport à la profession ? Q.L. : Honnêtement, je suis toujours resté à ma place. Je pense que beaucoup de producteurs se mettent bien trop en avant et oublient qu’ils sont là pour une chose : produire et susciter des émotions chez le spectateurs. Je ne pense pas que la majorité du public soit intéressée par ce que raconte les producteurs. Enfin, nous sommes dans des perspectives concourantes, il faut le rappeler, et l’on ne peut pas être « ami » avec l’ensemble des producteurs de Gérardmerveille.
"Beaucoup de producteurs se mettent bien trop en avant et oublient qu’ils sont là pour une chose : produire et susciter des émotions chez le spectateurs."C.M. : Pour ceux qui ne vous connaissent pas, pouvez-vous nous parler un peu de votre maison de production et de vos films ? Q.L. : Pour faire simple et rapide, je pense que l’on peut découper l’histoire de la maison de production en trois ou quatre phases.
La première, de la création de la Quentin Film en novembre 2012 à la collaboration avec
Malek Ouasetine. La maison produisait environ un film par mois et cherchais à se découvrir, à se tester en quelque sorte. La qualité n’était pas forcément exceptionnelle mais l’objectif était de trouver un rythme et de créer des univers variés pour trouver une voie. Notre plus gros succès niveau critique sur cette période fût notre cinquième film « La Chambre » qui obtint un 4/5. Ensuite vint la collaboration avec Malek Ouasetine qui fît décoller la Quentin Film. Ce dernier, en particulier la PRNA, fût, d’une certaine manière, notre idéal.
En effet, commentant et analysant nos films, cette maison de prod’ nous donna les conseils et les méthodes pour nous améliorer. « Menace sur Paris » sorti donc durant l’été 2013 et permit à la Quentin Film d’engendrer 10 millions de dollars de bénéfice. Le film était en faite un projet écrit par moi-même et scénarisé de manière définitive par Malek. En octobre de la même année, la maison produit un film mettant en scène une dizaine de producteurs comme J.Walken, Malek Ouasetine, A. Golan, N.Morcar, Ralphaez ou encore M.Pattou. Ce film donna à la Quentin Film encore plus d’importance et permit à
Maxime Fiodor de révéler tout son talent. M’intéressant plus à l’aspect artistique j’ai quitté à la fin de l’année mon poste de P-DG et fût nommé directeur artistique. C’est d’ailleurs Maxime qui me remplaça jusqu’en août 2014, date à laquelle Ouasetine fût nommé premier Directeur Général de la société.
Tourné vers un projet qui occupa une bonne partie de mon hiver commença certainement la troisième phase de la Quentin Film après celle de la révélation : la confirmation. La sortie de « Tom Pritt » en avril reste encore à ce jour le plus gros succès de la Quentin Film avec 25,5 millions d’entrées. « La femme de la falaise » fût ma plus grande fierté avec un 4.5/5 et 17 millions de téléspectateurs. S’enchaînèrent des films dans le même style durant l’année. L’année 2015 commença très fortement avec « Le second monde » pour le concours « la porte » très apprécié ainsi que le documentaire de l’ami John Caine racontant sa soirée des GM Awards. L’année 2016 fût très bonne également avec cinq films. Malheureusement elle annonce la fin de la Quentin Film pour une période. A noter que Cavendish, écrit « A.F. » en 2018.
C.M. : Pour ce retour on sent une volonté de votre part de prendre les choses en main, est-ce juste une impression ?Q.L. : Vous avez raison. Trop souvent je pense dans la vie de la Quentin Film je n’ai pas assez géré les choses. J’ai laissé Maxime prendre beaucoup de décision à ma place, heureusement qu’il a été là d’ailleurs pour certain choix, ainsi qu’au conseil d’administration. Malek a également réalisé un travail exceptionnel pour la QF, c’est sous son mandat que cette dernière a eu les meilleures périodes d’activités et la production des meilleurs films. D’ailleurs j’ai du mal à le contacter en ce moment… Pour en revenir à mon cas, je n’ai jamais trop bien su gérer une maison de production dans ma jeunesse. Je reviens plus vieux et avec une plus grande maturité qui va, je l’espère, être bénéfique pour la Quentin Film. Je veux relancer la maison, bien que présente depuis bientôt dix ans à Gérardmerveille, elle n’a jamais eu des périodes très longues avec une activité constante.
C.M. : Justement, expliquez-nous comment va fonctionner la nouvelle équipe dirigeante.Q.L. : Comme vous le savez, je prends en main l’ensemble de la maison de production en tant que premier Directeur Général de la Quentin Film. A chaque autre poste nous avons cherché à trouver la meilleure personne possible. L’équipe s’entend très bien et tout le monde n’a qu’une seule envie : rentrer dans le vif du sujet. L’objectif est que la Quentin Film trouve un rythme dans les prochaines années et cherche à le maintenir. C’est d’ailleurs pour cette raison que l’équipe devrait rester la même sur les prochaines années à part éventuellement quelques changements mineurs.
C.M. : Vous avez choisi de faire signer Ralphaez - qui a refusé de venir répondre à nos questions - ; un choix qui pour beaucoup apparaît peu judicieux, alors pourquoi avoir pris cette décision ?Q.L. : Lorsque vous dites « un choix qui pour beaucoup apparaît peu judicieux » je pense que vous voulez parler d’un groupe de producteurs qui se prennent pour les ténors de Gérardmerveille. Est-ce leur faute ? Pas nécessairement dans la mesure où les productions, de nos jours, ne savent plus s’affirmer mais seulement rester dans les jupes des grandes productions. Rappelons d’abord que Ralphaez est la révélation de l’année 2012. Ensuite, il s’agit d’un homme de compétences dans le domaine cinématographique : étant passé par la Walken Prod et la PRNA, deux maisons emblématiques et d’un très haut niveau artistique à Gérardmerveille, et ayant fait de l’AtPenumbra Production une grande maison de production je pense qu’il n’y a pas lieu de douter de ce choix. Certainement l’un des meilleurs scénaristes de ces dix dernières années, Ralphaez est la recrue nécessaire à la Quentin Film pour pouvoir se relancer dans la production cinématographique.
C.M. : Dans le milieu le bruit court pourtant que Ralphaez est "has been". En plus il n'a et ne fera jamais l'unanimité loin de là. Il est même persona non grata avouons-le. La Quentin Film jouit, elle, d'une image impeccable. Ne craignez-vous pas d'égratigner cette dernière avec ce choix de directeur artistique ?Q.L. : Une fois encore, si Ralphaez est indésirable comme vous le dites c’est probablement l’avis des maisons de productions qui n’ont peut être pas eu la chance de travailler avec lui. Que pense le public, le spectateur ? Le métier de producteurs est de plaire à son spectateur, de lui apporter des émotions devant ses films. Voyez, l’avis des producteurs quant à mes employés ne m’intéresse pas. Je préfère amplement m’occuper de ce que pense les gens à la sortie des projections des films où il a participé. Ralphaez est loin, ensuite, d’être « has been ». Les médias l’ont étiqueté de « sex-symbol », de meilleur producteur dans les années à venir et j’en passe alors que la carrière de Ralphaez n’était pas encore à son apogée. Comme d’autres, il est passé par des bas mais je peux vous assurer que cet homme a encore des choses à prouver et à réaliser dans le cinéma et à seulement trente ans, il est loin d’être un « has been ».
"Ralphaez : certainement l’un des meilleurs scénaristes de ces dix dernières années."C.M. : Revenons-en à votre maison de production. Quelles sont vos ambitions pour l'année ou les années à venir ? Q.L. : Pour être franc, l’année 2020 est déjà bien commencée et il est long de remettre en route une maison de production. Il faut repartir du début, reprendre les projets en cours, etc. Tout le monde s’est mis au travail mais il risque de passer quelques mois avant que la Quentin Film soit bel et bien relancée. Pour cette année, donc, nous verrons bien ce que le futur nous réserve. Quelques projets sont déjà bien avancés et devrait voir le jour assez rapidement. Pour les années suivantes, il serait intéressant d’avoir un calendrier de sortie bien équilibré et qui dure sur l’ensemble de l’année.
C.M. : Pensez-vous pouvoir vous inscrire dans la continuité ?Q.L. : C’est évidemment une question dont la réponse sera toujours abstraite… Bien sûr, notre envie est de pouvoir s’inscrire dans la continuité et c’est d’ailleurs le premier objectif que s’est fixé le conseil d’administration. Maintenant, vous m’auriez demandé cela en 2012 je vous aurais répondu que oui tellement j’étais passionné par ce que je faisais. Aujourd’hui, j’ai grandi, mûri et appris que l’on ne sait jamais ce que la vie nous réserve. Un changement peut si vite arriver. Ainsi, pour vous répondre : a l’heure actuelle l’envie est de s’inscrire dans la continuité mais cela ne peut être assuré.
C.M. : Justement, de nombreuses maisons de production ont émergé. Comment jugez-vous la concurrence ?Q.L. : Plutôt mauvaise. En effet, d’une part je n’apprécie absolument pas le culte réalisé par les jeunes productions envers les Meuh Meuh Prods, Gérard Cousin Prod ou encore Morcar Prod. Elles font parties des plus grandes de GM, certes mais il faudrait indiquer à ses productions qu’il n’y a pas eu qu’eux et ce n’est pas que grâce à eux que GérardMerveille a connu ses grands moments. Toutes les productions participent à l'histoire de GM.
En outre, je ne sais pas si ces productions le savent mais leur objectif premier doit être de détrôner ces maisons de productions qu’elles prennent comme exemples. Où va-t-on ? Ces prods seraient à coup sûres de faire tout ce que leur dit les Cousin ou autre Golan. Où sont les Prod’Artaud, les maisons qui savaient se montrer contraire à ces manipulateurs ? A quand le prochain « Simulation de Crise chez Prod'Artaud » ?
D’autre part, bien que je n’observe que de loin les sorties en ce moment, j’ai l’impression qu’il y a un manque d’originalité. D’ailleurs, il y a un contraste car les notes semblent plutôt plus hautes. C’est dommage ! Les cinq sur cinq semblent être donnés beaucoup plus facilement par les producteurs. Dans les années 10, c’était une note qui arrivait de temps en temps, rarement. Le niveau de Gérardmerveille est très bas, c’est certainement le « mal des années 20 ». J’espère que cela va évoluer... Il faudrait beaucoup plus de maison comme la Chpom.
"Je n’apprécie absolument pas le culte réalisé par les jeunes productions envers les Meuh Meuh Prods, Gérard Cousin Prod ou encore Morcar Prod."C.M. : Vous êtes on peu le dire d'une autre "époque". Comment expliquez-vous que de tels "géants" du Cinéma Gerardmerveillois aient pu quitter le métier dans cette totale indifférence du milieu ? Cela vous choque-t-il ?Q.L. : Gérardmerveille a perdu d’énormes maisons de production de mon époque. Bien sûr, elles ne sont pas totalement fermées mais inactives. Que dire de la Walken, de la PRNA, de l’AtP, de la prod’Artdaud, la JNS, la DM2 ? Et ne parlons pas de celles des années 2005-2010. C’est extrêmement triste. Je pense que c’est un cercle qui s’est créé. A un même moment plusieurs producteurs de mon époque ont trouvé moins de plaisir à produire et le départ de l’un a provoqué celui de l’autre ainsi de suite. J’espère toujours le retour de certains, en particulier de J. Walken l’un des plus grands producteurs de tous les temps. J’y pense de temps en temps. Les années 2013-2015 resteront pour moi toujours les meilleures…
"J’espère toujours le retour de certains, en particulier de J. Walken l’un des plus grands producteurs de tous les temps."C.M. : Pour finir, on dit que vous rêvez de décrocher enfin un Award. Est-ce vrai ? *Q.L. : C’est vrai que c’est quelque chose qui fait rêver. Cependant, j’aurais préféré en recevoir un lors des anciennes éditions. L’organisation actuelle est à revoir et me plaît moins. La dissimulation des votes est une mauvaise idée. En quoi doivent-ils être cachés alors que ceux sur les films sont visibles ? L’organisation est douteuse. Quelle coïncidence de retrouver monsieur Reyes à la présentation lorsque c’est la GCP qui organise. C'est dommage, ce producteur à vraiment réalisé une bonne édition mais certains éléments font chuter la grandeur de cette cérémonie. Il faut revoir certains composants, revenir dans la salle IMAX. Je suis déçu, Riri avait fait un énorme travail pour relancer la cérémonie. En outre, il est étrange que certaines productions reçoivent des prix. L’awards était la récompense ultime, difficile à atteindre. Aujourd’hui c’est une cérémonie médiatique lamentable. Gagner un awards ferait toujours plaisir mais serait moins valorisant que dans le temps…
* Interview réalisée avant les GM Awards 2019
Claire Pettruciani, Ciné merveilles(et Ronny Bensousan, stagiaire, pour les corrections)