Maintenant, voici l'heure de votre film ! Ce soir, un super film d'horreur est au programme !FelledUne série A d'horreur (survival) produite par B-SIDE PRODUCTIONSRéalisée par Joan BremmerAvec Raphael Nathanson, Alisa Chusid, Bradley Wieczorek et Jessica BremmerMary avait dépassé le stade de la simple peur. Elle restait prostrée dans ce qui ressemblait à une cavité, essayant d’échapper à la faible lumière qui alimentait la scène surhumaine se déroulant sous ses yeux.
Elle ne distinguait pas vraiment ce qui se passait, les contours restaient flous, incertains. Elle n’était pas vraiment sûr de ce qu’elle voyait mais les sons qu’elle percevait confirmaient son choix : rester sans bouger, ne plus respirer, retenir sa nausée.
Il y a une journée de cela, peut-être plus, elle sonnait à la porte d’un de ses héros du moment, le très estimé professeur Ess.
Mary était en 5ème année de médecine, dans une école réputée. Son maître de conférence, le renommé Karl Ess, représentait tout ce qu’elle désirait, professionnellement parlant bien entendu. Durant toute sa 4ème année, le professeur l’avait largement soutenue dans ses travaux.
Major de sa promo, Mary avait tout pour elle et n’avait jamais eu à se plaindre : Belle, athlétique, intelligente, ses parents faisaient en sorte qu’elle ne se retrouve pas dans le besoin. Elle avait appris à se méfier des hommes et possédait un fort caractère d’indépendance. Elle n’aurait jamais pu imaginer que le professeur Ess appartenait à ce qui se faisait de pire en matière d’homme.
Ess avait un côté excentrique, décalé, comme toutes les bonnes vieilles pointures de l’université : il s’habillait mal et possédait un humour profondément noir.
Lorsqu’il l’invita un soir avec trois autres étudiants pour un dîner suivi d’une expérience extraordinaire, elle était loin de s’imaginer plonger dans un tel cauchemar.
La propriété de Ess était isolée dans un bois à quelques kilomètres de la ville. Elle était d’une austérité déconcertante et d’une propreté quasi-médicale.
Après un repas frugal accompagné d’un vin agressif, Ess proposa aux quatre élèves de passer dans le salon pour y déguster un bon vieux cognac. Ce fut le dernier souvenir de ce que Mary nommera par la suite sa première vie.
Elle se réveilla groggy dans ce même salon. La tête lui tournait et elle mit un certain temps à remarquer que ses poignés étaient solidement attachés au fauteuil.
Au fond de la pièce, une porte entrouverte laissait passer une forte lumière de néon accompagnée d’une odeur d’alcool. On pouvait deviner une rumeur de musique classique... du Prokofiev apparemment.
Une ombre voletait dans la pièce. Mary aurait voulu crier, appeler à l’aide, mais elle était bâillonnée et une intuition lui soufflait que moins de bruit elle ferait, plus longtemps elle vivrait.
Elle réussit à approcher sans bruit son fauteuil d’une petite table basse sur laquelle était posé un verre, sûrement empoisonné, qu'elle attrapa après de terribles contorsions de ses phalanges et explosa net dans sa main. Le bâillon lui sauva sûrement la vie à ce moment là.
Elle utilisa ce qu’elle pût des éclats plantés dans sa paume et réussit, non sans mal, à couper ses liens, le sang n’aidant en rien à l’adhérence du verre.
Toujours par intuition, elle garda son bâillon, ce qui lui permis de ne pas crier lorsqu’elle aperçu la scène qui se déroulait dans cette fameuse pièce, salle chirurgicale serait d’ailleurs une description plus précise.
Ses trois camarades de classe reposaient ouverts sur des tables d’opération. Ils semblaient maintenus conscients grace à un quelconque procédé. Ess voyageait, penaud et appliqué, de table en table, sectionnant par-ci, aspirant par-là, semblant agir sous l’impulsion d’une entité suprême et ignorant les suppliques envoyées par les yeux de ses patients.
Mary resta immobile, assistant fascinée à l’étrange et hypnotisant manège du professeur.
Comment était-ce possible d’agir de la sorte et surtout comment le professeur se débrouillait-il pour maintenir en éveil ces corps théoriquement invivables en l'état ?
Mary ne remarqua pas tout de suite que l’activité de Ess avait cessé, qu’il la dévisageait dans l’attente d’une réaction quelconque.
Très rapidement et dans un silence de mort, Mary courut vers la première porte accessible, poursuivit de près sans trop de hâte par le professeur.
Un escalier plongeait vers une pièce d’une longueur incroyable. On pouvait y observer le long des murs une collection impressionnante d’organes de différentes formes et de différentes qualités, parfaitement entretenus dans des bocaux de formol. La suite devenait bien plus effrayante : un nombre incalculable de corps, une centaine au premier jugé, parfaitement conservés dans des vitrines faiblement éclairées, habillaient les murs du couloir qui ne semblait jamais vouloir finir.
Au fur et à mesure de sa progression, le décor évoluait. La collection devenait plus vieille, moins bien entretenue. Certaines vitrines, fêlées, n’avaient pu empêcher l’action du temps. Les décompositions étaient variées: des corps momifiés, d’autres tuméfiés, d’autres garnis de tuberculeux amas de vers.
Une porte apparue. Sans hésiter, elle s’engouffra dans la pièce éclairée d’une faible lueur verdâtre : une chambre froide, rempli de corps décharnés. De toute évidence, Ess n’allait pas souvent dans ce débarras…
- Mary, cessez de faire l’enfant. Je ne vous ai pas fait venir ici par hasard. Je désirai vous faire partager mes travaux…
La voix derrière la porte était posée, sûr, calme. Mary n’était pas loin de la crise d’hystérie. Ses mains tremblaient douloureusement, son corps était parcouru de spasmes violents.
- Voyons Mary, nous avons tout à gagner ensemble…
Une forme sembla bouger dans un recoin sombre de la pièce. Un corps venait de glisser à terre, laissant apparaître derrière lui un trou suffisamment grand pour qu'elle puisse s’y faufiler. Sans se poser de question, Mary s’engouffra à quatre pattes dans ce qui se révélait être un long tunnel.
Les rumeurs d’une quelconque vie s’estompèrent, la lumière disparue peu à peu. Mary se félicita intérieurement d’avoir acheté ce petit gadget inutile jusqu’alors, un porte-clé muni d’une petite lampe plutôt puissante dans cette nuit souterraine.
Il lui fallut un certain moment pour se rendre compte qu’elle rampait dans des galeries artificielles. Quel animal pouvait être suffisamment gros pour avoir besoin d’un espace si grand pour se déplacer ? Avait-elle fait le bon choix en allant se perdre dans ce labyrinthe à l’issue de plus en plus incertaine ?
Elle déboucha dans une sorte de terrier, plus vaste et pâlement éclairée par une source lumineuse d'origine inconnue. Pris par la fatigue physique et nerveuse, elle se recroquevilla dans ce qui ressemblait à une cavité et s’évanouit plus qu’elle ne s’endormit…
... un animal...? Un rat géant à visage presque humain… de fillette... avec des membres longs et fins se terminant par des griffes énormes, comme une taupe… des cavités oculaires apparemment inutiles tellement proches qu’elles pourraient en former qu’une seule… une respiration asthmatique… une gueule largement ouverte festoyant sur une carcasse fraîche… Quelle étrange idée, quel cauchemar même… et pourtant... pourtant Mary réalisa qu’elle avait les yeux ouverts.
Cette chose, effectivement proche de l’humanoïde, dégageait une telle odeur de décomposition et une telle noirceur d’âme que Mary sentit venir au plus profond d’elle des convulsions de son estomac. Si elle ne se calmait pas maintenant, elle finirait en lambeau dans cette gueule calibanesque.
Une créature, plus grande, passa devant elle en courant maladroitement. Elle fut presque rassurée de voir que pour l’instant elle avait réussi à cacher sa présence. L’autre l’enjoignit dans une course toute aussi chaotique, se cognant sur les parois, trébuchant, le tout dans un naturel déconcertant. Une rapide conclusion vint à l’esprit de Mary : Ces Êtres ne semblaient à l’aise ni avec leur corps, ni avec l’élément dans lequel ils évoluaient.
Après quelques minutes, elle décida de se reprendre et jugea utile d’utiliser sa mini lampe afin de se faire une idée de l’espace l’entourant. Un flash rapide lui grava une multitude de tunnels dans sa rétine.
- Mes enfants… en quelque sorte, constata la voix toujours posée de Ess.
Mary s’arrêta net de respirer. Il se trouvait dans une cavité similaire, à quelques mêtres d'elle.
- Je n’aurais jamais pensé les revoir un jour. Vous avez dû croiser leur mère dans la dernière chambre. Oh, il m’arrive de faire des erreurs… elle devait vivre encore quand je l’ai jeté il y a quelques années.
Pourquoi l’écoutait-elle ? Une curiosité inavouable troublait son esprit. Elle était née pour savoir, pour le Savoir, et Ess le savait, mais elle n’avait encore jamais eu ce genre de pensées néfastes.
- Ce qui m’étonne le plus, c’est qu’elle ait réussi à accoucher après les nombreux examens que j’avais pratiqués sur elle… N’y pensons pas pour l’instant. Nous nous sommes tous deux mis dans de beaux draps et je doute que sortir d’ici soit une partie de plaisir.
Mary était profondément dégoûtée et charmée par la voix monocorde de Ess. Il allait maintenant falloir faire équipe avec ce collectionneur de morts pour éviter la mort elle-même.
Mais que craignait-elle le plus : mourir dans l’anonymat le plus total, mourir dans l’ignorance des évènements irréels l’entourant, mourir bêtement assassinée par un tueur en série ou survivre et craindre de voir face à elle un devenir possible ?
La solution n’était pas loin, juste au bout d’une de ces galeries… et le peu de vie qu’elle possédait encore, elle devait la partager avec ces charognards réels et fantastiques.
Ess soupira un grand coup…
- je n’espère que deux choses... Que ces mutants ne se soient pas reproduits, et que leur mère soit vraiment morte…
Ce "Felled" est sacrément bien foutu : narration qui plonge dans l'horreur et un thème bien exploité. - PRNA
Une histoire palpitante, avec un univers particulièrement noir. un film d'horreur à faire des cauchemars! - CMC Production
Excellent film d'horreur ! Le texte est long et il m'a totalement transporté dans ce petit univers on ne peut plus effrayant - Walken Production