Enzo Matteo attendait, attablé dans un coin des "
quatre as", que son informateur arrive. Il avait quitté le bureau plus tôt ce jour là, tout spécialement pour l'occasion, et s'était rendu au quartier ouvrier comme prévu.
Le vieux Léon vint arriva avec le verre qu'Enzo avait commandé, au moment où l'informateur entrait dans le vieux bistrot. L'homme vint directement vers la table et profita de la présence du tenancier pour lui passer sa commande. Tandis que le patron retournait vers son comptoir, Enzo demanda à voix assez basse pour ne pas être tendu de la table voisine :
- As-tu du nouveau ?
- Non, rien de neuf. Depuis son passage au Gérardmerveilles News, je n'ai rien remarqué de spécial dans ses agissements. Mais je pense qu'il est temps d'arrêter cette filature.
Tout en disant ceci, l'homme regardait autour de lui régulièrement comme s'il craignait d'être observé. Un comble pour un homme dont le travail consistait à surveiller un autre. Le café du vieux Léon était un lieu de passage très réputé, et les clients entraient et sortaient du bâtiment régulièrement. Aussi, parmi tous ces gens, il était difficile de savoir qui venait pour quoi.
C'est pour cette raison qu'Enzo Matteo avait préféré venir là, tout en faisant le nécessaire pour qu'on ne le reconnaisse pas. Sa présence à la direction de Morcar Prod pendant une année faisait que son visage était désormais connu. Ca n'avait pas que des avantages d'être célèbre.
- J'ai peur d'avoir été repéré, ajouta l'informateur pour expliquer ses dernières paroles.
- Très bien, de toute façon, j'ai ce que je voulait, répondit Enzo en glissant une grosse enveloppe sous la table.
L'homme ne prit pas le temps de vérifier si le compte y était. Il glissa l'enveloppe le plus discrètement possible dans sa veste, pour ne pas attirer les regards curieux, puis après avoir vidé d'un trait le verre que Léon Berger venait tout juste de lui servir, il se leva, et quitta l'établissement.
Enzo Matteo attendit un moment avant de partir à son tour, terminant tranquillement le double Martini qu'il s'était fait servir. Puis il s'en alla doucement en saluant le patron.