EXCLUSIF – Jérémie Walken quitte Gérardmerveille.Fondateur de la Walken Production en 2005, le producteur et scénariste Jérémie Walken a pris la décision selon nos informations de quitter définitivement Gérardmerveille pour Montréal. Cette décision a fait l’objet d’un court communiqué aux salariés de la Walken Production dirigée actuellement par Amanda Beins. Par ailleurs, sa demeure dans le quartier de Mountain Hill a été mise en vente.
Premier retour sur l’évènement. | |
| Jérémie Walken est l’une des grandes figures du monde du cinéma. En décembre 2019, lorsque Ciné Merveilles annonce la cure de désintoxication du fondateur de la Walken Production qui a eu lieu à la fin du printemps précédents, l’ensemble de la profession réagit. En 2020, lorsque Quentin LGD égratigne le paysage actuel du cinéma Gérardmerveilleux, Jérémie Walken est cité en contrepoint.
Si l’homme était revenu à la vie réelle à la mi-2020, ses apparitions publiques étaient rares et ses prises de positions peu nombreuses. Néanmoins, récemment, il a pris part au débat sur la phase de sélection des GM Awards, une cérémonie à laquelle il s’était toujours opposé. Il y a quelques jours, Jérémie Walken nous avait confié qu’il ne se sentait plus à l’aise dans « l’ambiance nauséabonde qui règne dans la profession » et regrettait qu’il faille « maintenant demander la permission pour s’exprimer au risque de se faire lyncher publiquement ». |
Dans sa demeure de Mountain Hill, Jérémie Walken avait fait part de ses ressentiments envers un grand producteur de la ville, le qualifiant de « roi sur un trône d’ivoire ». Il évoquait également sa « perte de plaisir », conséquence de rancœur qu’il ne cachait pas et analysait clairement vis-à-vis de certains producteurs.
Jérémie Walken, un homme que la grande presse avait pensé enfermer dans une case, dans un rôle, celui d’un producteur lié au crime organisé et aux positions –notamment politiques - instables. Pourtant, Jérémie Walken a su dans le bras-de-fer qui l’a opposé à ses propres démons (2006-2009), puis à la maladie en 2014, se construire une personnalité profonde et hors du commun. En témoigne la dizaine de scénario qu’il a écrit pour la Walken Production ces dix dernières années, davantage mystique (
EsPrit, 2016) et sombre (
Au cœur de l’hiver, 2013). Ainsi, le dernier film de la Walken Production,
Le tueur à la cannette rouge (février 2017), sorti dans le cadre du concours rouge, témoignait de la vitalité de la prose de Jérémie Walken et son talent à bâtir une critique féroce du néo-libéralisme.
Malgré tout ce qu’on a pu dire ou lire, Jérémie Walken fut sans doute bien plus fidèle à ses convictions et à ses amis que bon nombre individus de la profession. Ses va-et-vient dans l’arène politique, entre William Molchany, Rafaël Calvet ou le financement de l’extrême gauche de Nadja Svetlana, montrent davantage le jeu d’un homme dans les faux-semblants de ce milieu-là. D’ailleurs, dans le milieu du cinéma, Jérémie Walken a toujours été fidèle à une poignée d’hommes, ceux composant la galaxie Walken Production (Amanda Beins, Alex Hickey) et diverses personnalités à la marge de la profession tel Ralphaez ou Riri2, deux hommes pour lesquels il a travaillé dans leurs sociétés respectives (AtPenumbra Production et la PRNA).
Jérémie Walken a donc quitté Gérardmerveille. Bien sûr, on ne peut dire que cela est définitif tant la carrière de l’homme a été interrompu a de nombreuses reprises. Néanmoins, on sentait il y a quelques jours en évoquant avec lui certains aspects, une grande lassitude et une porte qui s’était refermé depuis longtemps, quelque part entre la sortie du
Tueur à la cannette rouge et son retour de sa cure de désintoxication en juin 2020.
Jérémie Walken est aujourd’hui à Montréal, dans la ville qui l’a vu naître et où il a grandi. Ici, à Gérardmerveille, le retour de la Walken Production sur la scène du cinéma demeure plus que jamais hypothétique. Ici, à Gérardmerveille, on s’attend à ce que beaucoup d’encre soit utilisée pour publier les communiqués et les déclarations des acteurs du cinéma de notre ville.
Le départ de Jérémie Walken marque la fin d’une époque. Comme dans Ultime récolte (octobre 2013), on espère que comme Lucy que revoit pour une dernière fois son père John avant d’être emporté par la grande faucheuse, le public de Gérardmerveille aura le droit à une dernière cartouche de la Walken en salle. Une cartouche affûtée par sieur Jérémie en personne…
Andréa Koristo, journaliste de Ciné Merveilles. | |