Il y a près de deux ans, une nouvelle société de production cinématographique ouvrait ses portes à Gérardmerveille, nommée "Tulavu Production". Aujourd'hui, après deux ans d'existence et dix films produits, la société est 7è de l'année 2030 en terme de chiffre d'affaire et de parts de marché, mais s'apprête à fermer ses portes définitivement. La raison à ça ? Dès l'origine de la création du studio, le but de Tulavu Production était d'effectuer une expérience grandeur nature, à l'insu de tous. Tout le monde ignorait l'existence de cette expérience, et celui qui en était à l'origine.
Aujourd'hui, c'est aux journalistes de Ciné Merveilles qu'il a décidé de répondre et de révéler (pour ceux qui n'auraient pas encore deviné de qui il s'agissait), son identité, les raisons de cette expérience, et profiter de l'occasion pour tirer un bilan de celle-ci.
Ciné Merveilles : Nikolas Morcar, bonjour. Après avoir révélé dans un documentaire, ultime production de Tulavu Production, le but de cette société que vous avez fondée, vous révélez enfin que c'est vous qui êtes à l'origine de celle-ci. Expliquez-nous les raisons qui vous ont poussé à faire cette expérience.
Nikolas Morcar : Depuis quelques années à Gérardmerveille, on entend souvent dire que les productions de la ville sont devenues de plus en plus exigentes, ce qui est vrai je pense, mais surtout que cette exigence ferait fuire des producteurs et serait la raison de la diminution du nombre de producteurs dans notre ville. J'en suis arrivé à un moment à me demander si en effet nous n'étions pas trop exigents envers les autres, surtout les nouveaux producteurs arrivant à Gérardmerveille.
Par ailleurs, après bientôt trente ans d'existence de Morcar Prod (ndlr : fondée à 2002 à Baltimore) et surtout plus de vingt cinq ans d'existence à Gérardmerveille, j'ai eut envie de connaître de nouveau l'expérience des balbutiements d'une société, démarrant de presque rien.
Ce sont les deux principales raisons qui m'ont poussé à réaliser cette expérience, sans trop savoir au début jusqu'où je pourrais celle-ci.
Ciné Merveilles : Expliquez-nous comment cela s'est déroulé. Comment avez-vous fait pour créer cette société tout en conservant l'anonymat.
Nikolas Morcar : Mon but était de reproduire l'expérience d'une société débutante, en produisant volontairement des films peu développés et qui rencontreraient donc des critiques moyennement bonnes voir mauvaises, mais après avoir conseillé celui qui allait diriger l'expérience pour bien gérer ses projets par rapport aux attentes du public de Gérardmerveille, pour voir s'il était possible malgré des critiques mauvaises de réussir à Gérardmerveille aujourd'hui. Pour ça j'ai donc recherché un artiste acceptant d'occuper le poste de PDG et scénariste pour "Tulavu Production", car je ne voulais en aucun cas interférer dans le travail de la société une fois celle-ci lancée. Je n'ai donc que financée la création de l'entreprise, et donné quelques directives à Lucas Jansen concernant la marche à suivre pour les films à produire. A partir de là, j'ai laissé Lucas travailler, sans plus interférer dans l'activité de "Tulavu Production". |
Ciné Merveilles : Quels ont été les premiers résultats de l'expérience ? Les retours concernant les premiers films produits par Tulavu Production ?
Nikolas Morcar : Comme je le souhaitais, les retours des critiques n'ont pas été bon concernant le premier film. Son scénario était volontairement minimaliste, Lucas avait conçu son affiche de manière très simple, une affiche à la partie de tous. Les retours ont été bons tout en étant critiques. Les producteurs de Gérardmerveille ont su être encourageants envers cette nouvelle société dont ils ignoraient la réelle identité, tout en mettant le doigt sur les nombreux points à améliorer pour un futur film.
Le but était que les notes des critiques ne soient pas très bonnes, et ça a été le cas puisque le film n'a eut qu'une moyenne finale de 2.5/5. Mais le film était une comédie sentimentale, genre à la mode auprès du public à l'époque. A partir d'un budget de départ de 140 521 $ seulement (quasiment toute la trésorerie de la société), on a récolté au total plus d'un millions de dollars ! Très rapidement on a donc eut de quoi lancer une nouvelle production, encore une fois très simpliste.
Ciné Merveilles : Vous aviez alors la preuve qu'il était possible de réussir malgré des critiques moyennes. Pourquoi avoir alors continué ? Nikolas Morcar : Je voulais voir en combien de temps on pouvait permettre à Tulavu Production de produire une série A. Après le succès des "Amoureux du lac", on a pu immédiatement acheter une studio de série B, et produire un film avec un budget plus important que le premier. Encore une fois, le scénario du film était minimaliste, l'affiche simpliste, mais le genre du film à la mode. Les critiques ont été donc moyennes, mais loin d'être aussi dures qu'on entend certains dire lorsqu'ils démarrent à Gérardmerveille. D'un budget de 400 000 $, on a récolté un chiffre d'affaire de près de 2,4 millions de dollars ! Nous n'avions pas encore de quoi nous acheter un studio de série A (d'autant plus que ce résultat a été réalisé sur 19 semaines), mais nous approchions déjà du but. On a alors produit plusieurs autres séries B, en surfant toujours sur les genres à la mode et bien que la moyenne des critiques ne dépassait jamais 2.5, ces trois autres films ont rapporté à Tulavu Production plus de 30 millions de dollars. |
Ciné Merveilles : Vous aviez alors ce que vous vouliez, de quoi produire une série A.
Nikolas Morcar : Oui, mais je voulais savoir s'il était tout autant possible de faire des bénéfices avec un film moyen lorsqu'il était doté d'un budget de série A, que lorsqu'il était doté d'un budget de série B seulement. Si ça n'avait pas été le cas, cela aurait voulu dire qu'une production ne souhaitant pas développer ses scripts était vouée à ne jamais produire autre chose que des séries Z ou B.
On a donc produit une première série A, mais son succès a été très mitigé auprès du public également, à tel point que dans un premier temps on a pensé qu'il ne rentrerait pas dans ses frais. Pour finir "La bataille de Namor" a tout de même rapporté 90 000 $ à Tulavu Production. C'est maigre eut rapport aux 6,5 millions engagés, mais le film n'a pas été déficitaire.
Avant de savoir si le film allait ou pas rentrer dans ses frais, on a donc lancé la production d'une autre série A, pour voir si celui-ci encore allait rencontrer les mêmes difficultés ou pas. "Pour mon frere" a remporté un succès plus grand au niveau du public, et a prouvé qu'avec un scénario maigre et une affiche simpliste, on pouvait également faire de gros bénéfices sur une série A, si tant ait qu'on sache gérer correctement les moyens investis et bien choisir le genre de film produit.
Ciné Merveilles : Vous aviez alors toutes les réponses à vos questions, pourtant vous avez encore produit d'autres films après ça. Nikolas Morcar : Oui, et ce pour un raison : lancer la carrière de réalisateur de Lucas Jansen (Tulavu Production lui devait bien ça, puisqu'à l'origine c'était la carrière à laquelle il aspirait), et celle de Carla Morane, à la demande de Lucas. On a donc d'abord produit un documentaire sur elle, puis Lucas l'a dirigée sur un premier film. Enfin, c'est lui également qui a réalisé le documentaire dont nous avions entamé le tournage dès l'origine du projet, un documentaire en guise de bilan de cette expérience. Ciné Merveilles : Quels sont donc les bilans que vous tirez de cette expérience ? Nikolas Morcar : En démarrant avec seulement 150 000 $, comme toutes les sociétés de la ville, Tulavu Production possède aujourd'hui, après avoir produit dix films, près de 42,5 millions de dollars. Elle est la septième société de l'année en terme de chiffre d'affaire et de parts de marché, et possède auprès |
Elle a permis de lancer la carrière de trois artistes et fait un chiffre d'affaire de plus de 95 millions de dollars en 2030, et tout ça malgré la maigreur de ses scénarios et ses affiches très simples. Quel bilan pensez-vous que l'on puisse tirer de cette expérience ?
A mes yeux, je suis convaincu plus que jamais aujourd'hui que n'importe qui peut faire sa place dans le monde du cinéma de Gérardmerveille, du moment qu'il accepte la critique et qu'il gère correctement ses productions. Le tout pour durer ensuite serait de savoir prendre en compte les critiques pour tenter de s'améliorer.
Ciné Merveilles : Au total, si on cumule le chiffre d'affaire de vos deux sociétés, Morcar Prod et Tulavu Production, sur l'année 2030, on arrive à plus de 300 millions de dollars, ce qui aurait placé Morcar Prod en tête du classement si vous aviez produit tous ces films avec la même société. N'était-ce pas une bêtise de vous faire concurrence à vous même ?
Nikolas Morcar : Non, car jamais nous n'aurions produits ces films avec Morcar Prod, pas à l'état où ils étaient là tout du moins. Si jamais Tulavu Production n'avait pas vu le jour, Morcar Prod n'aurait pas produit plus de films, d'autant plus que les membres de la direction de Morcar Prod ignoraient tout de l'identité de Tulavu Production, qui était pour eux une concurrente comme une autre.
Par contre, j'ai bien envie de reprendre les idées de certains films imaginés par Lucas pour Tulavu Production pour en écrire une version bien plus aboutie pour Morcar Prod. Dans les prochaines années, il se pourrait bien que vous voyez arriver dans les salles un film Morcar Prod reprenant certaines idées de films Tulavu Production, qui méritent d'être approfondies.
Ciné Merveilles : Que va devenir à présent "Tulavu Production", et que vont devenir les artistes qui ont été lancés par cette production ? Nikolas Morcar : Tulavu Production n'a plus de raison d'exister à présent. Dès que ses deux derniers films auront cessé leur exploitation en salles, la société fermera ses portes et fera don de tout son argent à une oeuvre caritative visant à développer le quartier ouvrier de Gérardmerveille. Quand à Laurie Patton, Carla Morane et Lucas Jansen, ils vont pouvoir poursuivre leur carrière en toute liberté. Rien n'interdit qu'ils apparaissent au casting d'un film Morcar Prod un jour, mais ils espèrent tous intéresser aussi d'autres productions de la ville. Ciné Merveilles : Et quels sont vos futurs projets à vous, Nikolas Morcar ? Nikolas Morcar : On continue avec Alex Krueger de travailler sur notre série Les Messagers du Temps, ainsi que sur nos projets cinéma (ndlr : Morcar Prod a annoncé par les deux scénaristes le retour de la |
Ciné Merveilles : Merci beaucoup d'avoir accepté de répondre aux questions de Ciné Merveilles, et bonne continuation.
Nikolas Morcar : Merci à vous !