Galactic Western : Quêtes CroiséesNB :Certaines scènes peuvent heurter la sensibilité du jeune public. + 12 ans.
On est encore hier
Les vapeurs brumeuses des fumées de cigarettes, de tube à vapeur, de cigares, de cigarillos, de cyberfum' et de pipe à opium saturaient l'air rougie par le soleil couchant. Et venant du dehors, un son : celui de la pluie, qui tombe à verse.
A une table, quelque part sur la planète New-Texas,en ombre chinoise, découpé par la lumière qui arrive à contrejour par les portes à battants électroniques du saloon, une silhouette écrase son mégot.
Une balle, deux balles, trois balles dans le barillet, et tourne la roue du destin. Une chance sur deux.
-Little John, je vais te poser une question simple :
« O-u . e-s-t . l-e . j-i-n-g-l-e . b-e-l-l ? » Le demi-Cyber à visage humain, a gros pectoraux et à grand sombrero (Malcom Ellman) pris le temps de s'attarder sur chaque mot.
Autour, des deux hommes, la lumière des barres-néons de pole dance rouges, bleues et vertes se masquent et se dévoilent par intermittence, les callgirl en talons hauts s'activent se déhanchent et se dénudent, ne gardant que leur colts sur leur corps nus, à côté des hanches. Une horde de camés fume sur des divans. Ici se font les plus gros deal de l'Espace, sous mescaline génétiquement modifiée, le cul posé sur du velours.
Pour seule réponse à la question de son interlocuteur électronique, Little John, avala sa salive. Sa pomme d'Adam ne veux ni engloutir, ni déglutir. Il sait qu'il va mourir. Le jingle bell est loin à l'heure qu'il est et quand à Little John, en aucun cas il ne parlera.
« -And a happy new year, connard ! »
Trois balles, une chance sur deux. Le barillet tourne, et malheureusement pour Little John, Noël n'est pas demain.
Tong !
Une balle, des cris, un bar à nettoyer, de la cervelle à ranger.
Ce que ne savait pas l'androïde mexicanos, et qui aurait pu lui faire gagner du temps, c'est que Little John était muet depuis plusieurs années. Une sombre histoire de viol sur une Néo-Indienne prostituée, et de mac jaloux qui lui avait couté la langue. Mais comme dit le philosophe : « dans les bordels, on ne prend pas le temps de faire dans le détail, sinon y a plus de plaisir ».
Alors Old Chicanos, car c'est son nom, abat, puisqu'on le paye pour ça.
Il est la pour tuer, pas pour détailler la viande, et maintenant tout le monde dans le bar le sait. Ses éperons marquent les temps sur sa longue marche vers la sortie. Les femelles en résille du haut de leurs barres colorées s'arrête de danser, ne le quittant pas des flingues. Sait-on jamais, s'il ne payait pas l'addition. Le tas de ferraille mexicain échange un regard avec une des femmes de petite vertu, une Néo-Indienne, qui le tient en joue avant de fondre en larmes.
La main de Chicanos se développe dans l'espace. Le visage du président des Galaxies-Unis, se retrouve projeté la tête en haut, la tête en bas, la tête en haut, impassible sur son Crédit Intergalatique de cuivre, jusqu'à trouver refuge dans l'encoche du méta-juke-box au fond de la salle. Les mots « Insert Coin » disparaissent de l'hologramme. Le vieux méta-verrins expulse du gaz Nitronique, le diamant s'abat sur le vynil :
Bang bang, I shot you down
Bang bang, you hit the ground
Bang bang, that awful sound
Bang bang, I used to shoot you down.
Music played, and all people sang
Just for me, the church bells rang.
Un second jeton fini sur le bar, en or celui-ci :
« Pour le dérangement. »
Le disque s'arrête. Le saloon est silencieux.
***
Demain meurt rarement deux fois
Becky Bec Mortel (Carrie Goldsmith ) avait un corset et un jupon rouge. Chaque jour que Dieu fait dans cette putain de galaxie, qu’elle soit hôtesse au Boulon d’Or ou qu’elle chevauche son destrier métallique à vitesse hyperspatiale dans le Far-Space, elle gardait le même uniforme pour dévoiler ses formes. Une seule exception : là, dans sa baignoire, elle était nue, les yeux à la surface, son Smith & Weston, chargé d’une cartouche laser, sous la mousse entre ses deux seins, elle était prête à recevoir tout visiteur impromptu qui franchirait sa porte par mégarde. Son teint brun de Néo-Indienne faisait d’elle une pute très recherchée, mais n’allez pas vous méprendre, bien qu’elle retirait votre ceinturon en une nanoseconde, elle dégainait encore plus rapidement. C'est parce qu'elle embrassait avant de tuer qu'on l'appelait "Bec Mortel". Un rituel qui l'a rendait humaine aux yeux de ses victimes. Un oiseau tombé du nid, aux charmes fatals. Un Indien en terre ennemi. Une femme blessée dont la mère avait été tuée après avoir été violée.
Mais aujourd’hui sonnait le jour de la vengeance. Sortant de l’eau, dévoilant ses formes délicates, elle enfile son corset et son jupon rouge. Rouge comme le sang qui va couler.
Une dernière cigarette face à son miroir au tain altéré. Les prémices d’un malheur. Les tâches noires qui entourent son reflet dans le miroir sont annonciatrices d’une déferlante de mort.
Les tâches se transforment bientôt en pluie, battante, une pluie noire et torrentielle, et la chambre qui entourait Becky, laissa place à un saloon. Elle va enfin retrouver celui qui a tué sa mère. Il est là, à quelques pas, dans ce saloon, à se saouler à la bière.
Cela fait dix années qu’elle n’avait que ça : un nom. Un nom pour se rattacher à la vie. Un obsession : la vengeance. Un nom qui sonne comme un cadavre : Little John.
Seulement voila, quand elle entre dans le saloon, un autre zig est sur le coup. Et pas de bol, un androïde mexicain : les pires tueurs que New-Texas ai jamais compté. Il a John en joue, un John qui ne devrait plus faire long feu. Le sang de Becky ne fait qu’un tour : peut importe la mort, tant qu’elle venge sa mère. Elle dégaine, s’apprête à tirer, mais Bang Bang, le coup est déjà parti, l’androïde a eu raison de la vengeance de Becky. Il a tué tout ces espoirs d’obtenir un jour réparation.
Il se retourne, échange un regard avec Becky qui le tient en joue avant de fondre en larmes.
La main de Chicanos se développe dans l'espace. La pièce vole et se glisse dans l'encoche du méta-juke-box au fond de la salle. Les mots « Insert Coin » disparaissent de l'hologramme. Le vieux méta-verrins expulse du gaz Nitronique, le diamant s'abat sur le vynil :
Mama put my guns in the ground
I can't shoot them anymore
That cold black cloud is comin' down
Feels like I'm knockin' on heaven's door
Kn-kn-knockin' on heaven's door
Kn-knockin' on heaven's door
Kn-knockin' on heaven's door
Kn-knockin' on heaven's door
Un second jeton fini sur le bar, en or celui-ci :
« Pour le dérangement. »
Le disque s'arrête. Le saloon est silencieux.
« Pas si vite, cowboy ! » Becky se tient droite, les mains sur ses colts, prête à dégainer. Le Mexicain se retourne, ses éperons tintent. Elle envoie un baiser, le regard froid. Ils se font face, un long moment.
***
Un sale jour, ou peut-être une nuit
Une flaque immense, de boue, sous les éclairs. Deux chevaux harnachés. La rue principale de Kobalt-Town, petite bourgade fantôme abandonnée à son triste sort par d'ancien chercheurs-de-métaux.
Deux golems de pierre sensuels luttent sous l'averse : Black Crow (Francesca Ayres) avait complètement recouvert son costume de cuir moulant et déchiré d'une boue opaque, son fouet s'était noyé dans la masse aqueuse. Des grumeaux de minéraux brunâtres marquaient son visage angélique d'un seau tellurique. La tueuse nymphomane était à bout, crachant comme elle pouvait les poussières liquides qui lui bloquait la respiration. Elle était asssise à Cali-fourchon sur Diane la Blanchisseuse, une Jaune aux yeux bridés comme son cheval et plutôt en mauvaise posture pour l'instant.
«-Graaaaahaaaaaahhhh, tu va crever ma salope !, hurla la belle Black Crow à sa rivale Néo-Asiat en lui replongeant la tête dans le bain amer, sans toutefois renier en retirer un certain plaisir.
-ConNntinue, C'est bonNn pour la peau ! Fit la chinoise agonisante. Chacun de ses mots était rythmé par un crachat noirâtre. Un dernier coup de tonnerre fendit l'air.
Étranglant sa rivale à main nu, laissant s'immerger le cadavre, Black Crow fini par retirer le collier que la petite garce lui avait voler. Dans un dernier frémissement, pour dernier baiser d'adieu, elle lui lécha tout l'argile qui couvrait son visage de sa langue agile.
-Je t'avais dit de pas toucher à mes jouets, chérie !
Et dans la vase encore fumante du corps en extinction, elle regarda son collier avec attention. Ce collier, comme il y tenait à ce collier : un cercle d'or au milieu duquel, rayonnait, en guise de diamant, vingt-quatre carats de Plasma Énergie.
Outre la beauté de l'objet, c'est parce qu'il lui avait été légué par son père sur son lit de mort qu'elle l'avait nommé «La prunelle de ses Yeux».
Elle réajusta le pendentif sur sa poitrine, repris son fouet, attela les deux cheveaux et remonta en selle, étincelante de sensualité, le cuir lavé par l'orage.
i fell in fear, upon my back
i said don't look back, just keep on walking.
[woo-hoo,woo-hoo]
when the big black horse that looked this way,
said hey lady, will you marry me?
[woo-hoo,woo-hoo]
but i said no, no, no,no-no-no
i said no, no, you're not the one for me
no, no, no,no-no-no
i said no, no, you're not the one for me
***
Des chariots, face à la rivière déchaînée. Cela fait plusieurs jours que la caravane a pris le chemin d’Indiana Town, le petit spatio-port-fantôme de la nébuleuse de Starlight Gulch. Délaissé depuis la chute de la Marshall Compagny qui en assurait la sécurité, elle a été pillée, mise à sac, à feu et à sang, et finalement détruite, au moins en partie. Vidée de ses femmes violées, abandonnée par les cadavres des hommes partis la défendre, c’était le lieu idéal pour ceux de la caravane pour rêver au départ. Ces hommes ? Des parias, des sans papiers, des délinquants, des tueurs, des orphelins, des contrebandiers, des pauvres gens : tout un tas de laissés pour compte, un brassage impressionnant de gueules cassées, d’Hommes rudes, survivants comme ils le peuvent, avec l’espoir qu’un jour ils puissent reprendre une navette et s’évader de cette planète pour un monde meilleur.
Sous l’orage, le cours d’eau semble impitoyable. On détèle les chevaux. On lance un space-grappin à un arbre de la rive voisine. On précipite les enfants dans les bras de leurs mères. Une soudaine tension. Une agitation silencieuse dans laquelle on sent monter la pression.
Seul un homme reste calme. Accroupi, face aux eaux tumultueuses, il y plonge la main. Il faisait parti de cette espèce dont les hommes croient que leur Esprit s’incarne dans les bêtes. Ceux qui ne sont pas les bienvenus face aux peaux blanches dans le FarSpace. Son « totem », comme il disait, était le loup qu’il avait adopté comme animal domestique. Il porte la main à la bouche du canidé. Nul ne connaissait réellement son nom, mais on l’appelait Yé'iitsoh (Jason Byrne) en référence à une vieille légende indienne. Alors que l'animal s'abreuve, arrive déjà, de la rivière, les premiers cris. Lentement, il relève son visage détrempé par la pluie et regarde mourir les premiers téméraires qui tentent la traversée. Le torrent emporte les enfants. Chaque pas posé sur un sol est une victoire sur le gouffre de la vie pour les membres de la caravane. Il le sait, sa mère, la Nature, lui conseille d’attendre le retour de son Père, le soleil. Même les vautours sont rentrés s’abriter.
***
Il est tard. Au péril de la vie de certains de ses membres les plus éminents, la caravane a enfin rallié Indiana Town. Dans l’obscurité, éclairé au flambeau, on embrasse le sol, on visite les commerces vides dans l’espoir d’y trouver un trésor, on fait boire les chevaux. Seul Yé'iitsoh n’a pas encore gagné le Spacio-port. Il traverse à gué la rivière dont le niveau est descendu avec l’animal qui porte son Esprit. La ville, quand à elle, est déserte. Les habitations, pour la plupart, en ruine. Quelques carcasses rouillées de vaisseau qui demanderaient des années lumières de réparation. Aux cris de joie des premiers instants, franchissant les portes de la ville, on succédé un étrange sentiment de mal-être : la fin d’un mythe, et puis, un étrange silence, presque religieux. Comme si quelque chose allait arriver.
Et en effet, quelque chose arrive. Les torches vacillent, de manière surnaturelle. Puis une lueur éblouissante et un vent puissant qui souffle tout les flambeaux. Un grand souffle. Une énergie déployant le son de mille éclats de tonnerre traverse le ciel, détruisant au passage les tympans de certains membres de l’assistance. Et, à la vitesse de la lumière, l’entrée en collision de la foule avec un objet métallique en fusion provenu des cieux. Pas de cris, pas le temps.
Ainsi s’écrase le Jingle Bells. Ainsi meurt la caravane.
***
Quand il arrive sur les lieux, Yé'iitsoh, se retrouve face au carnage. Il se rapproche des morts, ferme les yeux un instant. Mais déjà son compagnon à quatre pattes le sort de son recueillement. Un vaisseau étrange est là, face à eux, comme un immeuble qui aurait poussé au milieu d'un champ de ruine.
Sans comprendre comment, ils se retrouvent à l'intérieur. Déjà son âme communique avec l'étrange vaisseau. Le temps n'est pas linéaire. Il est une suite de quêtes croisées. De petits destins qui changent LA Destinée. Chaque pièce lancée amène un autre chant, chaque âme fait vibrer les cordes. Le temps n'est pas linéaire, tout change, tout le temps. Un autre destin, un autre chant.
AH-UH NAYAH OH-WA OH-WA
SHON-DAY OH-WA OH-WA
SHON-DAY CAN-NON NON NOHA (NOHA)
AH-UH NAYAH OH-WA OH-WA
SHON-DAY OH-WA OH-WA
SHON-DAY YEHA-NOHA (NOHA)
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Qu'adviendra-t-il de ce lien créé entre l'âme de Yé'iitsoh, l'Indien et le Jingle Bells ? Comment Becky Bec Mortel retrouvera-t-elle un sens à sa vie? Comment Old Chicanos, le Cyborg sauvera-t-il sa peau ? Où part Black Crow, la tueuse nymphomane avec un pendentif dont très vite le plasma va lui servir de boussole ?
Tant de destins liés qui vont devoir se rencontrer....
Une nouvelle aventure pour Galactic Western...
Un film TL PROD !